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Vers un monde de l'imaginaire
21 mars 2008

257 Sassou et Adèle n'en revenaient pas,

quand ils virent débarquer en pleine nuit, ce 12 janvier 2006 une chenillette suivie d'une caravane d'ouvriers. Une jeune femme blanche vint à leur rencontre pour leur expliquer tout ce chambardement à leur porte.
    Dans cette petite localité du Niger, l'étonnement était à son comble. Les trois enfants d'Adèle s'agglutinèrent près d'elle, terrorisés par la suite des évènements.
    La  jeune femme, arborant un large sourire, releva à peine la situation, se présenta comme une citoyenne de la planète venant donner et non vendre; ce fut déjà rassurant. Elle présenta ses papiers de "pompière" au service des pays unis du monde (ex ONU), elle amenait de l'eau, pas buvable, mais rafraîchissante. Elle invita toute la famille à venir voir le chantier pendant qu'elle fournirait des explications complémentaires et répondrait à toutes les interrogations.
image002    D'un pas léger, tous se déplacèrent aux avant-poste du chantier. Les décideurs avaient voulu une pose rapide et simple  des tuyaux amenant l'eau de mer. C'était des tubes PVC, à peine améliorés qui se clipsaient les uns à la suite des autres par le joint torique d'étanchéité. Sur deux kilomètres, on apercevait la fameuse épine dorsale même pas enterrée, avec seulement quelques passages aménagés pour traverser.
    Chaque voisin de cette ligne d'eau devait se charger de la surveillance, du bon état de cette installation. Adèle sursauta à cette évocation: ils n'étaient pas équipés, ils n'avaient pas la compétence.
    La jeune femme dût encore les rassurer en les priant sympathiquement à être compétents, elle allait leur laisser des pièces détachées et même plus, elle allait en parler un peu plus tard. Au loin Adèle vit une masse sombre importante; qu'était-ce? Gisèle, car c'était son prénom, sourit encore et dit simplement que c'était la technologie occidentale donnée (pas vendue) pour le bienfait de la terre: des panneaux solaires chargés de faire fonctionner une pompe de reprise et à vingt mètre à droite une sorte de fontaine/piscine afin de récolter le sel.
    Mais le mieux restait à venir, la télévision pour connaître les nouvelles du monde et le portable pour appeler le village voisin ou ses copines. Adèle avait du mal à réaliser ce qu'il leur arrivait vraiment et, quand Gisèle ouvrit l'atlas, Adèle mit en avant sa plus grande fille. Éberluée, elle aussi, elle écouta Gisèle avec attention.
    "Ça, c'est l'Afrique. Quatre équipes pionnières sont parties du sud du Maroc, d'Egypte, du Soudan et nous, du Sénégal pour irriguer l'Afrique avec de l'eau de mer. Ça, c'est l'Australie: deux équipes, l'Amérique du sud: deux équipes, l'Asie: deux équipes... Nous avançons de 2,8 kilomètres par nuit, cela fait près d'un an que nous sommes partis; vous avez dû avoir quelques échos".
    La jeune adolescente, intimidée, dessina avec ses bras un cercle! Gisèle allait rester une semaine pour expliquer la suite des évènements aux autochtones, quatre de ses collègues étaient dans son cas et un véhicule leur permettrait de rejoindre la tête du chantier.D'ici demain, d'autres équipes viendraient poser des dérivation latérales d'eau de mer, enfin un couple viendra installer le matériel informatique dans une maison commune, dans le village précédent à deux kilomètres de là. Un couple restera dans cette maison jusqu'à ce que la population soit bien rodée à leur maniement.
    L'ensemble ressemblait à une invasion pacifique. De plus, au passage des caravannes, il y avait la possibilité de les rejoindre. On s'embarquait dans une entreprise commune, avec toute la cantine qui suit.
    Le lendemain matin, les geysers se mirent à jaillir tout seul, apportant un air marin inconnu dans la région jusqu'à présent. L'eau s'élevait jusqu'à dix mètres de haut, le sel sel retombait dans les piscines ou un peu à côté: il n'y avait pas trop d'importance! Le risque d'assécher les océans était minime, la fonte des pôles devait compenser largement la ponction, sans parler de l'éloignement de la perspective d'inondation au Bengladesh ou dans d'autres régions du globe situées à une faible altitude.
    Trois mois après leur départ du nord du Sénégal, à cinq kilomètres plus au nord, une deuxième expédition était partie avec le même but: mailler la surface du désert avec quatre stations au kilomètre carré, en avançant à l'intérieur du continent.
    Lors de l'élaboration du projet, les cautions scientifiques furent suffisamment nombreuses pour que toute la société civile occidentale y voit une solution efficace et rapide au marasme dans lequel sombrait la planète. Les bourses se délièrent et la communication auprès du grand public fut honnète.
    La mise en route de ce projet pharaonique avait donné un formidable coup de fouet à l'industrie des tuyaux, des panneaux solaires et de tous les accessoires qui tournaient autour. Le financement avait vite été évacué, vu l'ampleur des enjeux: il suffisait que personne ne manque de rien et la motivation avait été retrouvée.
    Les oisifs ou les laissés sur la touche du néolibéralisme retrouvèrent comme par enchantement, une volonté nouvelle à oeuvrer pour cette cause. Les multinationales, désarçonnées par un tel engouement, n'eurent d'autre choix que d'emboîter le pas à cet élan mondial.
    Désormais, les objets de luxe n'avait plus, c'est le moins que l'on puisse dire, le vent en poupe; on regardait vraiment d'un mauvais oeil, ceux qui continuaient à se foutre de l'environnement: comme qui dirait, il y avait eu une bascule des valeurs, il ne faisait pas bon de vouloir prétendre à une richesse personnelle.
    Au vu de l'ampleur du marché, les industriels se frottèrent les mains, ils déchantèrent vite quand il leur fut demandé de produire les marchandises à prix coûtant et surtout d'ouvrir leurs coffres à devises pour participer à l'effort général.
    Les pays unis du monde mettait en concurrence les entreprises du globe pour sauver la planète, cela ne pouvait pas plaire à tout le monde. Les déshérités, la pauvre terre meurtrie étaient ses alliés, rien ne pouvait plus arrêter les pompiers de la planète.
    L'OMC s'estompa rapidement dans les vieux souvenirs historiques, les budgets militaires se détournèrent pour alimenter ce projet. Enfin les gouvernements avaient compris qu'il ne fallait pas perdre la "boulle".

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