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Vers un monde de l'imaginaire
18 mars 2008

136 Attentat à la publicité tapageuse

    Lorsque l'on se déplace, que l'on soit à pied, en bicyclette ou en véhicule automoteur, nous arrivent, comme dans un rêve éveillé, des images de consommation effrénée. On s'arrête, on se pince. Non, non, cette image de la voiture est bien là, devant nos yeux. Tant pis, il n'y a qu'à se diriger derrière le panneau pour consommer ce magnifique 4X4 tout en pare-buffle et haute technologie.
image002    Quelle déception, lorsque, bien attrapé, le garage ne s'y trouvant point, la frustration d'un consommateur déçu enfle dans sa psychée. Y aurait-il tromperie sur la marchandise; non, sans doute?! La publicité n'est qu'une image, un mirage inventé par des créatifs rondement appointés par leur boîte.
    Si cela n'avait été qu'une petite image afin de renseigner le quidam (comme il en arrive parfois dans les boîtes aux lettres). Mais trois mètres par quatre suffisent à cacher, sinon un arbre, au moins un arbuste. Un végétal ou même simplement un mur blanc est-il mieux qu'une image fallacieuse: il n'y a pas toujours une épicerie derrière une promotion de bananes?!
    Sans remettre en cause le droit à la propriété où sont installés ces panneaux, il est assez évident que ces photographies, les dessins, les slogans nous arrivent, s'imposent à nos yeux comme un viol collectif de nos iris. Les couleurs, les lignes et les contrastes remplissent nos rétines gratuitement: merci la publicité. Mais où est le texte de loi qui dit que l'affiche publicitaire doit régner en maître sur notre champ visuel. C'est en général par le biais de la "dégradation du bien d'autrui" que cet état de fait autoritaire est protégé. Les couleurs, les images imposées à tout le monde, en passant par le bureau de la vérification de la publicité sont entérinées comme inoffensives.
    Dans un monde où tout se monnaye, le propriétaire du terrain, du mur, de l'espace publique touche les dividendes, mais celui qui regarde, celui pour qui les images sont destinées ne reçoit rien, pourtant l'image cache l'arbuste, l'architecture, le silence d'un mur blanc. Le "public cité" n'a théoriquement que le droit d'accepter sans broncher l'agression publicitaire.
    Des poches de peinture lancées contre ces panneaux dégraderaient-elles l'image de l'entreprise visée? Réellement, certes, mais où est le chèque de fin de mois pour que chacun accepte cette image dans nos rues?  Dégradation du matériel?
    Après tout une contre-agression "peinturluresque" permet de mieux protéger les poteaux de la rouille et du temps: le cadre législatif ne défend que celui des panneaux. La société est bloquée dans un consumérisme qui ne sait pas lever le pied. Les yeux rivés sur les indices économiques, la dégradation de notre environnement (pas seulement visuel) est considérée comme sans valeur et les effets sur la santé psychique voire physique sont attribués à d'autres facteurs collatéraux.
    C'est relativement facile de mettre sous le tapis les vrais problèmes, sauf qu'un jour il rejailliront sous des aspects les plus inattendus et/ou plus violents. Il ne tient qu'à nous de repousser tous les jours les logiques qui nous accablent et qui nous font prendre des vessies pour des lanternes.

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