79 Qu'en termes économiques choisis, il nous faut parler maintenant

    Lorsque les catégories inférieures de citoyens nuisent à l'intérêt supérieur de l'état, des troupes de force de l'ordre sont appelées en renfort pour parer à tout débordement.
    Le sujet du nucléaire qui nous a été imposé démocratiquement depuis l'époque de Pompidou soulève le voile d'un aspect fasciste de la république. Les autorités, associées aux apparatchiks du nucléaire, se sont lancés dans une voie sans issue, repoussant toujours à plus tard la résolution de l'élimination des déchets radioactifs. Reconnaître leur erreur! Cela leur arracherait la langue. Ils préfèrent, même si cela doit détruire leur entourage, la solution de la fuite en avant, c'est à dire parier que l'homme finira par s'habituer aux expositions radioactives légèrement supérieures d'année en année; folie que tout cela.
    Mais voila, il n'a jamais appartenu aux citoyens de donner son avis sur la façon d'éclairer les rues la nuit, de la viabilisation, de l'assainissement. Des recettes ont été mises au point dans un bureau d'études, il en est résulté que c'était bon pour la population. Des entreprises privées ou d'état ont été chargées de mettre en oeuvre toute ces prescriptions pour fabriquer tout le matériel nécessaire à la croissance: tuyaux, poteaux, enrobés bitumineux, autos, béton, carrières d'agrégats, énergie fossile. Les municipalités ont relayé sans se poser plus de question tous ces modes opératoires, confondant allègrement bien-être et joie de vivre, propreté et saveur, économie et environnement. Nos élus sont le reflet de la population , il serait  injuste de tout leur imputer, intéressons-nous plutôt aux systèmes et à nos schémas de pensée.
    "On n'y peut rien, ça a toujours été comme ça": est le meilleur raisonnement  conduisant à la soumission. Par leur vote, les citoyens veulent la stabilité; on leur offre la croissance, de nouvelles infrastructures qui vont un peu plus "artificialiser" leur milieu. D'ici quelques années on deviendra des robots et on aura le choix: robot normal ou à graissage séparé. Sans s'en rendre compte la civilisation occidentale fait le jeu de la scientologie. Tout un chacun est libre d'apprécier mes propos comme étant, exagérés, pessimistes, irrationnels, que-sais-je. L'homme peut s'habituer à des situations extrêmes, mais celle qu'il préfère c'est le bonheur et tant qu'il y aura des gens pour lui indiquer précisément ce que c'est, il sera malheureux. En d'autres termes: il appartient à chacun d'entre nous de le trouver.
    A mon avis, "il" ne doit pas être devant une console vidéo à démolir des martiens, ni dans un stade à acclamer son équipe, ni dans une église à chanter le très haut avec des trémolos, sans doute dans le pré avec des arbres autour. Au bout du compte, que préféreriez vous?: la destruction systématique de votre environnement (travail, être, nature) dans la société telle que nous la connaissons aujourd'hui ou une espèce d'anarchie écologique non éprouvée et à mettre en place.
    Les échéances se succèdent sans cesse, ce n'est même pas forcément un scrutin, c'est une envie implicite commune d'aller dans telle ou telle direction. On a toujours le choix, ne l'oubliez pas! Qui aurait pu parier il y a deux ans que les organismes génétiquement modifiés, promus par de puissantes multinationales, qui devaient arriver dans nos assiettes feraient un tel "flop". Il reste encore quelques chapelles de la science sans conscience à abattre, notamment celle de l'économie carcérale mondialisée protégée par la centrale d'armement réunie et ses missionnaires balistiques de la gâchette facile.
    L'argent symbole de l'échange est devenu insensiblement le symbole du pouvoir et de la confiscation. Erigé en dogme, dématérialisé, il ne repose aujourd'hui que sur quelques octets au fond d'un ordinateur que son enfant aura en héritage. Tout le monde vient sur terre nu et déjà on attribue à chacun un nom, un matricule, bientôt une puce. La dignité humaine même dans notre monde civilisé en a pris un coup; c'est à qui en accaparera le plus afin de mettre son bien sous cloche, derrière une clôture ou au fond d'un coffre. Ceux qui sont venus sur terre simplement pour profiter de ce que la vie leur a donné n'ont plus qu'à se faire expliquer que rien n'est à eux et que d'autres venus sur terre dans les mêmes conditions ont plus qu'ils ne désirent.
    Amasser, interdire, réprimer est un enseignement-héritage lourd de conséquence pour l'ensemble de la planète, il conduit à une individualisation forcenée de la société, à un repli sur soi, à l'érosion des valeurs humaines. Ce résultat qui eut pu être prévisible se voit tous les jours un peu plus; un accident sur la route attire les regards tout au plus, l'aide réelle est confiée à des spécialistes du sauvetage, spectateur du monde, c'est à peine si on s'apitoie sur les malheurs des autres. En n'aidant plus directement son prochain on se sent devenir petit à petit une chiure de mouche dans le cloaque de l'humanité. Pour rentrer chez soi, on suit ce gros colon de périphérique en espérant que ce système routier ne se constipe pas. Bon j'arrête là ma diarrhée verbale et laisse à votre instinct le jugement qu'il convient.
    Voila qui est fait! Je reprends avec une petite voix qui titille votre conscience (la mienne y compris), le piège est révélé au grand jour, on se débat dans les mailles du filet des idées toutes faîtes: "on n'y peut rien, c'est le progrès". Destinée, hasard de la situation, la loi de la jungle serait le progrès, il n'y aurait plus de place pour les gens bizarres, on devrait se couler dans un moule normalisé, réglé de la naissance à la mort, nos interlocuteurs deviendraient des "soi-même" stéréotypés encore géniteurs (avant le clonage total) de petits soldats obéissants. Allez, je le concède, on n'y est pas encore mais la voie est toute grande ouverte dans cette direction. Faut-il en avoir peur? Je le pense, car les égoïsmes qui nous gouvernent utilisent volontiers rouleaux compresseurs, tanks et aviation pour mater le démocrate trublion. Vous ne l'avez pas vu, vous ne voulez pas le voir, chez nous c'est impossible!
    C'est notre silence qui nous fait accepter l'impensable. Le citoyen responsable qui devrait être en chacun de vous doit apprendre à ne pas tout prendre pour argent comptant. La sécurité, nécessaire, renforcée des gens vient peut-être du fait que la société génère de l'injustice donc du malheur qui se traduit par des actes désespérés. Changer la société qui fabrique de l'injustice; maintes personnes s'y sont attelées et depuis qu'il ne reste plus que le libéralisme, cela ne s'est pas arrangé, voire empiré; Ruanda, Kosovo, Tchétchénie pour les conflits les plus connus. Le plus fort fait la loi, à la veille du troisième millénaire Eltsine n'a-t-il pas annoncé au monde occidental: "Vous avez fait ce que vous vouliez au Kosovo, j'ai la bombe atomique, vous n'aurez rien à dire pour la Tchétchénie." Donc à partir de maintenant, massacres, horreurs, tortures en tous genres sont permis aux plus forts.
    Je ne sais ce qui retient le monde de s'entre-tuer: la peur de faire partie des victimes, en plus tout le monde est mortel mais bon, c'est peut-être de bonne guerre; on teste les armes sur les autres avant de les retourner sur soi. L'ONU reconnaît parfois des patrimoines de l'humanité en ce qui concerne l'architecture ou la nature, l'humanité est bien à plaindre si elle ne se respecte pas plus.