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Vers un monde de l'imaginaire
22 mars 2008

276 Risque de décharge

image002    La gestion de nos poubelles est un immense problème; à la mesure des tas que l'on peut faire avec elles.
    Dans un foyer, il est possible de moins faire de déchets, de commencer un tri pour faciliter le travail en aval, car après tout quelqu'un devra prendre la poubelle pleine et la sortir dehors.
    Nos déchets sont à l'image de notre évolution. À regarder de plus près ce que nous jetons et les matériaux qui constitue nos objets usuels, nous pouvons dire qu'un monceau d'ordures constitue une mine, bien plus riche que celle que l'on peut trouver dans la nature. Nous pouvons y trouver pelle-mêle: métaux, produits pétroliers transformés, silicates et verres, matières compostables. Tout y est mélangé joyeusement dans le bordel de nos vies de plus en plus stressées. La solution du tri de nos déchets en amont du ramassage, par des gestes citoyens, a du mal à s'imposer dans nos consciences; reste le tas à traiter.
    Les gestionnaires de nos ordures, coincés entre le "j'm'enfoutisme" de la population et le suremballage des industriels voient gonfler démesurément le volume et le poids des déchets.
    S'il n'y avait pas l'émission de dioxine en deçà de 650 degrés lorsque l'on brûle les ordures dans les incinérateurs, tout serait si simple... L'incinération de nos ordures a encore deux autres désavantages majeurs. Elle produit, qu'on le veuille ou non, des gaz à effet de serre, donc, participe au réchauffement climatique. Elle détruit irrémédiablement les matières organiques, en générant des molécules simples, qui mettront plus de temps à se recombiner entre elles pour former des ensembles complexes. Malgré les filtres et les technologies proposées dans cette filière, les résultats économiques et sanitaires dissuadent les décideurs de poursuivre totalement dans cette voie. Pourtant le brûlis, l'écobuage; pratiques agricoles traditionnelles que l'on peut désormais remettre en cause, préparaient le terrain de l'acceptation par la population, de la purification par le feu.
    On sait maintenant, avec le recul, que les effets de l'incinération sont désastreux; la solution d'attente, qui ménage toutes les perspectives d'avenir, est l'entreposage dans une décharge pompeusement appelée "centre d'enfouissement technique".
Plus tard elle finira par être reconnue comme une mine de richesses. En attendant ce jour, les lixiviats et autres jus chargés de métaux lourds et de produits toxiques devront être gérés pour que les nappes phréatiques et les cours d'eau soient préservés. Que dire de l'envol des sacs plastiques dans les hautes branches des arbres environnants. Le rire des mouettes devant le pataugeage de l'homme dans ses déjections devrait suffire pour notre compréhension.
    Les solutions de recyclage ou de réutilisation existent, mais ne sont pas encouragées: il faut croire que le pétrole n'est pas encore assez cher pour que l'on mette un coup d'arrêt significatif au gaspillage généralisé: des matières, des paysages, de la nature.
    Comme cela se passe dans toutes les grandes décharges, des engins monstrueux avec des roues à picots métalliques vont régaler les ordures sur des hectares de terrain dévolus à cet effet. Le vallon se comble avec comme résultat final, l'obtention d'une plateforme sur laquelle on pourra implanter, par la suite, golf ou zone industrielle.
    Certains se réjouissent déjà de ce jour, où les travaux pourront enfin commencer... Les travaux n'auront en fait jamais cessé; une nuisance en amenant une autre, dans ce monde dirigé par des hommes politiques qui tentent de nous démontrer que la nature est imparfaite, ce qui justifie son bousillage... Et puis si les remords vous rongent: une petite visite à l'église pour se laver dépêché, rapide, non!
    En attendant, il faudra aller de plus en plus loin pour retrouver une nature intacte, pour se détendre à la campagne, pour se ressourcer auprès du seul "glouglou" de la rivière qui coule.
    Dans cette ambiance glauque, une lueur d'espoir apparaît avec la fin du pétrole facile, qui, selon les experts qui n'ont pas encore lâché le morceau aux journalistes, devrait se raréfier dès 2008. La production est au maximum en ce moment, pour satisfaire une demande croissante. À partir de cette date, l'offre ne pourra qu'être inférieure à la demande. L'économie dans l'utilisation des matières premières fossiles, que les associations demandaient à l'ensemble de la population, sera devenue obligatoire. Les pétroliers, modestement, reconnaîtront qu'il n'y en aura plus pour tout le monde; en sourdine les films de MadMax prendront une consistance réelle.
    Devant ce futur inéluctable, qui arrive même plus tôt que prévu (oublié Kyoto et les sommets de la Terre), les infrastructures que les sociétés humaines construisent aujourd'hui risquent de ne servir à rien. Les tenants altermondialistes des batailles d'idées, qui auraient pu déboucher sur un avenir viable, se retrouveront vainqueurs par chaos technique. Le sursaut demandé à chacun, qui permettrait d'éviter tout ça, est tellement gigantesque et tellement improbable (avec cette chape de plomb médiatique), qu'il faut s'attendre à des drames, mêlées étroitement à des évènements heureux d'autonomie dans notre vie.

    À Montcel, en cette fin d'année 2004, comme partout ailleurs où des projets similaires se font jour, la population est prise en otage ou pire, dans certains cas, mise devant le fait accompli. Les délais et les périodes dans lesquels nous pouvons nous exprimer ne sont guère propices à moultes palabres. Un groupe de population ne peut pas humainement refuser de comprendre en bloc la gène d'un autre groupe de population (le tas d'immondices généré par 110 communes). Par contre, lorsqu'on ajoute les carrières pour la construction de l'autoroute, l'autoroute lui-même, la zone industrielle projetée dans cet endroit, encore protégé des nuisances urbaines, cela fait beaucoup pour la population locale qui n'a rien demandé de tout ça.
    Les arguments que l'on peut avancer ne pèsent pas lourds face aux hégémonies démocratiques (intérêts supérieurs, utilité publique): bruit, odeur, site un peu sismique seront vite oubliés devant le dieu "Pognon". C'est pourquoi il est urgent dès à présent d'agiter le bâton de la CLIS (commission locale d'information et de surveillance) en prêtant une oreille attentive aux comptes de ce projet délirant.
    On sait que l'agglomération clermontoise regroupe 350 000 habitants sur un total de 500 000 habitants pour le département. On sait que dans le ramassage des ordures en porte à porte, les coûts de main d'oeuvre sont les plus importants, ensuite le matériel puis les coûts de fonctionnement. À cette fin il est recommandé que les camions ne s'éloignent pas de plus de 10 kilomètres entre leur zone de ramassage et de leur lieu de décharge. Ceci est une recommandation, n'a rien de coercitif mais influe directement sur la taxe d'assainissement que nous payons tous.
    Combronde est un noeud autoroutier, en quelque sorte une plaque tournante pour les transports routiers. Il ne faudrait pas que la taxe d'assainissement soit majorée du péage autoroutier éventuel ou que les camions traversent les agglomérations tous les jours en empruntant les voies gratuites.
    Reste le train qui possède un rendement de 90% (roues en fer contre rail en fer) par rapport à un véhicule routier qui n'a qu'un rendement de 20% (roues caoutchouc contre béton bitumineux). Des quais de transbordements devront être construits pour les manœuvres, peut-être du ferroutage virtuel de bureau d'étude. Tous ces travaux, utiles, se retrouveront de toute manière dans la taxe d'assainissement. À plus de 30 kilomètres de Clermont-Ferrand, Montcel ne devra pas compter sur une taxe professionnelle dithyrambique, ce sera plutôt un "exode rural bis" pour cause de nuisances urbaines importées graves. Une catastrophe économique et écologique se prépare ordinairement à Montcel, Le choix dit-on ne nous appartient plus.

Réagissons pour démontrer le contraire!

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