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Vers un monde de l'imaginaire
21 mars 2008

248 Pensivement, Jane acheva la lecture de ce court article

sur les dirigeables. Bien des façons de procéder venait de la navigation des bateaux. Elle avait du mal à voir réellement l'évolution de ces plus légers que l'air et surtout les atterrissages.
    Enfin, si le but était de voyager et de brasser la population, peu importait aussi l'endroit de l'atterrissage, sans doute. Ce qu'elle redoutait davantage, c'était l'approximation des étapes, des arrivées. Ce devait être un blocage purement intellectuel: des années d'existence sous le régime de la ponctualité avait formé son mental dans des optiques si cartésiennes qu'elle avait oublié ce qu'était le nomadisme et l'esprit du voyageur. Il y avait une part d'aventure non négligeable qui devait en rebuter pas mal, dont elle.
zodiac_Ballon    C'était à l'évidence un truc de jeunes et on en était qu'au balbutiement de ces croisières. À un peu plus de quarante ans, elle préférait ne plus trop bouger et s'occuper de la terre, cueillir ses fruits, néanmoins, elle décida de se renseigner sur l'évolution de ces dirigeables, des petits modèles, des dangers éventuels, de la façon de les manoeuvrer etc.
    Dans cette société du partage, doublée de l'économie des moyens, il n'était pas évident de mener sa vie en égoïste comme avant. Pour elle, ce serait une façon de rêver à de lointaines contrées et une façon d'y accéder. Pour l'heure le jardin la réclamait. Elle sortit quand le camion de l'épicerie se manifesta dans la cour, elle n'y pensait plus et déjà Günther avait préparé les produits agricoles et artisanaux qui allaient être échangés.
    Il n'était même plus question d'argent, il suffisait de proposer des affaires pour en recevoir d'autres... Les cours avaient tellement chutés, qu'il était plus facile de dire qu'on allait donner et que cela ferait certainement plaisir à des personnes à l'autre bout du réseau qui en profiteraient, que de marchander pendant des heures une plaquette de beurre, compter tout, ouvrir le porte-monnaie, payer, que de temps perdu en comptabilité. Ses besoins propres avaient aussi diminué, si bien que tout se passait sans problème.
    Sandrine et Nathalie faisaient aussi les transports vers les ateliers de transformations, elles amenaient par exemple les pommes au pressoir ainsi que les bouteilles. Tout était redistribué, c'était la règle, et ce que personne ne voulait utiliser était ramené au producteur. Une partie des denrées confiées servait à la propre subsistance des transporteurs et au bon état de marche du camion.
    Elles faisaient cela un jour sur deux, les autres jours c'étaient leurs copains respectifs. Il y avait des points de jonction des camions où ceux-ci étaient carrément échangés avec la liste de ce qu'ils contenaient, en tenant compte parfois de commandes spéciales faîtes sur le secteur local.
    Pour l'heure, comme Jane et Günther habitaient le plus clair de leur temps à un endroit en dehors des routes principales, le camion était plutôt une camionette avec une remorque éventuellement, bien achalandée quand-même en produits de première nécessité.
    Les industriels avaient changé leur conditionnement pour des quantités plus importantes et en diminuant les suremballages; c'était une nécessité politique forte, en même temps que le marketing s'était estompé. Qui eut crû que la gabegie cessa aussi vite? Personne, si ce n'est les doux rêveurs d'écologistes, avec leur imagination teintée de logique dans un monde qui ne savait pas encore qu'il allait devenir fou. Tout avait basculé si soudainement là aussi.
    Günther finit de charger les gros sacs en papiers et les bouteilles de verre lavées et remplies d'eau de source avec leur étiquette! Puis enfin les deux bancs qu'il avait construit la veille. Livreuses, livrés prirent le temps de manger une pomme, de parler de la pluie et du beau temps, de ce que d'autres faisaient un peu plus loin, des projets personnels ainsi que des espoirs qui naissaient un peu plus, tous les jours.
    Le départ accompagné d'une grande bouffée de gasoil rappela la mauvaise époque honnie, encore présente pour un temps!

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