153 Souvenirs d'été

19 mars 2008

C'est au milieu d'un champ de cailloux dans la plaine meusienne que nous nous étions donné rendez-vous cet été (entre le 22 et le 29 juillet 2001), à l'occasion du camping contre le laboratoire de recherche sur l'enfouissement des déchets nucléaire à BURE.
Une voiture de gendarmerie comptabilisant les passages nous indiqua que nous étions sur le bon chemin. Avec près de 600 kilomètres dans les pattes, la buvette fut le premier lieu que nous avons fréquenté avec les copains déjà sur place, quelques explications, une visite aux portes du labo, nous nous sommes installés et dodo.
Le lendemain dimanche après un aller-retour à la gare la plus proche pour chercher les copains qui revenaient de Gènes, nous nous sommes mis à bâtir un mur symbolique devant l'entrée de l'andra (Agence Nationale de Détérioration Radioactif Active). L'énergie anti-nucléaire débordante des personnes réunies fit que le mur commença à faire plier les grilles rapidement, risquant d'endommager l'édifice. Les organisateurs (trices) cafouillèrent sur la suite à donner à cette construction; ce qui fit retomber l'énergie du groupe et stoppa net les travaux d'intérêt collectif que nous réalisions.
Dans la soirée, une résistance festive s'est tenue sur le mur d'environ un mètre de hauteur. La BAC (brigade d'acteurs comiques) n'a pas eu le temps in extenso d'intervenir; les forces de l'ordre, gardant jalousement l'entrée du site. Les robocops du pouvoir n'ont pas hésité à gazer les enfants, personnes agées et de distribuer quelques coups aux récalcitrants pour défaire cet entrelacs humain de la clôture. De vieux slogans tels que CRS, SS furent proclamés, mais ça n'alla pas plus loin. Après déblaiement au tracto-pelle, les troupes repartirent des deux côté, car les forces de l'ordre parties, les bâtisseurs du bon sens réédifièrent un nouveau mur renforcé au fil de fer.
Le lendemain, l'organisation du camp se réunissait à huis clos pour débattre de la suite des évènements. Nous pensons que les tractations secrètes entre organisateurs (trices) dans ce genre de rassemblement doivent être abandonnées.
Un règlement en sortit avec comme mot d'ordre: "pas de violences physiques, pas de violence verbales, ni de dégradation des installations.". Toute action doit être discutée en plenum et être approuvé à l'unanimité. Ca vérouille pas mal, ce qui laissa l'andra tranquille pour quelques jours...
La buvette n'existe plus et y'en aura pas d'autres, par contre, la partie nourriture organisée par nos ami(e)s allemand(e)s était un vrai régal, encore une fois 'merci' pour l'aide apportée.
Un stage de blocage de trains fut organisé par un groupe d'Allemand(es), ainsi que des tours de site, jour et nuit, des minutes de silence, de la fanfare au bidon, l'expression libre était au rendez-vous, le goudron changeait de couleurs sous des slogans plein de vie qui s'inscrivaient.
Un groupe de blocage artistique (Block Art) décida de bloquer l'entrée du site le mercredi soir, ce qui fut assez efficace pour embêter l'Andra jusqu'à la fin de la semaine..
Un groupe se retrouva au conseil général de Bar le Duc afin de demander des comptes aux élus, pendant que ceux qui étaient restés au camp subissaient un violent orage. Tout cela se passait dans une joyeuse ambiance, les conversations échangées allaient bon train, les carnets d'adresses se remplissaient.
La venue de nouveaux arrivants pour le dernier week-end annonçait pour nous la fin de notre camping, nous sommes repartis le samedi en fin d'après-midi, en espérant revenir l'année d'après.
Nous aimerions pour cette année; un stage de blocage de chantier bien réel, une buvette associative et une ambiance aussi bonne que l'année dernière. Quant aux réunions des organisateurs (trices), nous comptons sur la plus grande transparence, sans huis-clos étatiste.
A défaut de stage de blocage de chantier, nous organiserons un stage virtuel, non-violent de blocage d'avions de ligne en plein vol. Avis aux aviateurs (trices).