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Vers un monde de l'imaginaire
17 mars 2008

76 Localiser la mondialisation

image0021854: le chef Seattle à la peuplade blanche
Texte revisité, modifié sans altération du sens?!.

    Le grand chef blanc à Washington nous salue avec de l'amitié et de la bonne volonté. Ceci est sympa de sa part, car nous savons qu'il n'a pas beaucoup besoin de la notre. Il nous fait savoir qu'il veut acheter notre territoire et nous laisser une réserve pour qu'on puisse s'y ébattre sans encombre. Cette offre paraît juste voire généreuse puisque l'homme rouge n'a plus de droits à faire valoir auprès de l'homme blanc largement équipé de fusils.
    Mais comment pouvez-vous acheter ou vendre le ciel, la chaleur de la terre?.. L'idée nous paraît saugrenue; nous ne pouvons saisir le miroitement de l'eau, la fraîcheur de l'air du matin, comment pourrez-vous les monnayer?
    Chaque coin de cette terre est sacrée pour mon peuple, chaque aiguille de pin luisante, chaque bordure de rivière, chaque lambeau de brume dans les bois profonds, chaque clairière avec ses bourdonnements d'insectes résonne dans les souvenirs de mon peuple. La sève des arbres coule en partie dans les veines de l'homme rouge. Les défunts de l'homme blanc oublient le pays de leur naissance lorsqu'ils voyagent dans les océans étoilés. Nos morts eux se souviennent de cette terre magnifique qui a porté nos ancêtres.

    Nous sommes une partie de la terre et elle fait partie de nous, nulle idée de possession ne nous habite.
Les fleurs aux senteurs chatoyantes sont nos soeurs, le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos égaux. Les crêtes rocheuses, les sucs des herbes des prés, l'âme chaleureuse du poney, l'homme forment une même famille inséparable.
    Alors quand le grand chef à Washington annonce son intention d'acheter notre terre. il nous demande de changer radicalement notre vision mentale du monde. Certes le patron yankee nous réservera un lopin pour que nous vivions selon nos coutumes. Il s'occupera de nous comme un père avec ses enfants.
    Nous prenons bonne note de l'offre d'achat, mais ce ne sera pas facile, car pour nous cette terre doit demeurer telle que l'ont connue nos parents. L'eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières est aussi le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous rappeler, apprendre et rappeler à vos enfants qu'elle est sacrée et que chaque reflet dans l'eau claire des lacs évoque des événements forts pour mon peuple passé et à venir. Le murmure de l'eau qui coule est en fait la voix de l'enfant de mon père. Les rivières sont nos soeurs: elle étanchent nos soifs, portent nos canoës, fournissent le poisson qui nourrit nos enfants.

    Si vous devez posséder notre terre vous devrez enseigner à vos enfants tout ceci, leur apprendre à avoir de la tendresse pour leur soeur. Nous savons que l'occidental ne comprend pas notre philosophie. Pour lui une parcelle de terre ressemble à la suivante. Etranger à ce pays, il prend à la terre les richesses dont il a besoin sans en connaître les conséquences. La terre n'est pas sa soeur, c'est une mine et lorsqu'il l'a conquise, soumise, épuisée il va plus loin. Il ne sait plus où est la tombe de ses aïeux et cela ne le tracasse pas. Objets, paysages, personnes, proches ne sont que des valeurs marchandes propres à engraisser le porte-monnaie. Son appétit dévorera la terre et ne laissera derrière lui qu'un désert. Nous pensons différemment. La vue de vos peuplements urbains est incompréhensible pour nous hommes rouges, mais l'homme rouge est un sauvage, il a mal pour l'homme blanc. Il n'y a pas un endroit paisible dans les villes, nul endroit pour entendre les feuilles s'épanouir au printemps ou le bourdonnement suave d'un insecte. Mais peut-être suis-je trop sauvage pour comprendre?
    Le vacarme de la cité de l'homme blanc semble insulter nos oreilles et quel intérêt y-a-t'il à y vivre si l'on ne peut entendre ni le cri solitaire de l'engoulevent ni les palabres des grenouilles la nuit autour d'un étang? L'indien ne comprend pas la ville, il préfère le son doux du vent sifflant comme une flèche au dessus de l'étang, son odeur lavée de la pluie de midi ou parfumé par le pin pignon. L'air, la liberté lui sont précieuse car toutes choses partagent le même souffle de vie; la bête, l'arbre, l'homme. Le blanc ne semble pas remarquer qu'il respire, l'air qu'il inspire le rend insensible à la puanteur. En vendant notre terre, vous devrez vous rappeler que l'air lui aussi nous est précieux, qu'il partage son esprit avec toute chose, tout être qu'il fait vivre.

    Du premier cri jusqu'à son dernier soupir le vent a toujours été présent dans la vie de l'humanité. Achetez notre terre si vous le désirez, mais vous devrez la garder de telle manière à ce que l'homme puisse aller frotter ses joues au vent frais chargé des senteurs des fleurs des prés. Donc vous voulez acheter notre petit domaine. Nous on veut bien, à condition que le blancounet traite les animaux qui peuple le territoire comme son égal. Etant sauvage je ne connais pas d'autre façon de me comporter.
    J'ai vu un millier de bisons pourrissant sur la prairie, abandonnés par le visage pâle qui les avait abattus d'un train en passant. Je ne suis qu'un peau-rouge et ne comprends pas comment le cheval de fer au panache de fumée peut être plus important que le bison que nous tuons nous, uniquement pour subsister. Que deviendrait l'homme sans les bêtes? Si tous les animaux disparaissaient, l'homme mourrait d'une grande solitude de l'esprit, car ce qui arrive aux bêtes arrivera bientôt à l'homme, de sa main évidemment.
    Toutes les choses se tiennent. vous devez apprendre, et à vos enfants, que le sol qu'ils foulent est fait des cendres de nos aïeux ayant vécu en paix. Pour qu'ils respectent la terre dites leur qu'elle est enrichie par l'histoire de notre race. Enseignez à vos enfants ce que nous avons appris aux nôtres: que la terre est notre mère et que tout ce qui arrive à la terre aujourd'hui arrivera demain à notre descendance.

    Si les hommes crachent sur les fruits du sol, ils se crashent eux-mêmes.
    Nous savons au moins ceci: la terre n'appartient pas à l'homme; l'homme appartient à la terre.  Toutes les choses se tiennent, comme le sang qui unit une même famille.
    Ce n'est pas l'homme qui a tissé la trame de la vie: il n'en est qu'un maigre fil. S'il est de mauvaise qualité il en altère la trame. Même l'homme blanc, qui se promène avec Dieu, lui parle comme à un ami ne peut échapper à sa destinée certaine. Après tout, nous sommes peut-être frères, l'avenir le dira. Nos dieux sont peut-être parents. Pour le rouge comme pour le blanc cette terre lui est précieuse, lui nuire c'est accabler de mépris son créateur. Les blancs aussi disparaîtront un jour, peut-être plus tôt que les autres tribus. Contaminez votre lit, et vous suffoquerez une nuit dans vos propres souillures.

    Mais en mourant vous brillerez avec éclat, illuminés par la force de Dieu qui aura choisi pour quelle raison obscure votre race pour dominer la terre et les indiens. Cette destinée est mystère pour nous.
    Quand les bisons seront tous massacrés, les chevaux sauvages domptés, les coins enchanteurs de la forêt piétinés par beaucoup d'hommes, la vue des collines fleuries abondamment ternie par les fils qui parlent...
Alors où seront les fourrés? disparus.
Où sera l'aigle? disparu.
    Et cette disparition marquera la fin de la vie et le début de la survivance.

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