9 Le jeu d'argent
Aujourd'hui notre système de valeur repose presqu'exclusivement sur l'argent et ce qu'il est capable de procurer. Il peut fournir un bien-être matériel, ce pourquoi il est fait au départ, comme valeur d'échange contre un bien consommable, mais aussi il peut être un pouvoir pour asseoir une volonté de dominer et c'est hélas trop souvent pour dominer, pour le plaisir de dominer et asservir les autres et non pas dominer pour aider les autres à sortir de l'esclavage, à ce que chacun prenne en considération son sort comme partie de celui de tous.
Ce n'est pas clair ce que j'ai dit: alors je reprends. Que ceux qui ont trop d'argent s'en défassent ou l'utilisent au mieux de sa capacité pour le bien de tous ou bien le gardent et seront les premiers à payer les pots cassés d'une révolution qui commence à menacer.
Pourquoi le faire: parce que l'espèce humaine a tout à y gagner à être solidaire.
On a plein de chômeurs qui ont quand même un savoir-faire à partager, on peut avoir des projets de résorption de la faim et de la soif dans les pays dits pauvres, on peut avoir des ambitions politiques pour rendre le monde meilleur et plus juste; c'est cet état d'esprit et non pas l'accomplissement de ces tâches qui peut élever l'âme de l'homme vers un idéal de générosité et d'altruisme.
Dans l'immédiat le monde occidental y perdra, mais d'un point de vue planétaire on a tout à y gagner. Chaque mètre carré repris sur le désert, chaque mort évitée, chaque arbre planté doit nous réconforter et nous inciter à poursuivre dans la lutte contre l'inégalité de la naissance.
Ce n'est pas en égoïste, de toute manière, que tout s'arrangera, l'Est contre l'Ouest, le Nord contre le Sud, le Blanc contre le Noir, l'Européen contre l'Asiatique, ce n'est pas non plus en bouclant nos frontières, en protégeant nos intérêts immédiats sans voir les profits futurs que le monde ira mieux.
Par exemple: lorsqu'une société progresse trop vite (comme la nôtre), on ne peut raisonner qu'à court terme car les lendemains peuvent tout bousculer et remettre en question ses propres activités de la veille, ainsi les forêts ne sont plus constituées que d'arbres arrivant à maturité en 20 ans (donc pour soi) tandis que les forêts de chênes ne sont guère remplacées, les maisons de pavillonneurs sont construites de manière à couvrir la garantie décennale et pas plus, une nouvelle profession comme l'informatique ou la communication ne met que 2 ans à être saturée.
Dans un monde où tout va si vite, il est très facile d'oublier qui nous sommes vraiment, que nous auront des enfants qui hériteront un jour, mais on peut se poser la question de quoi: une terre exsangue (comme ce qui est en train de se préparer) où les richesses naturelles qui ont mis des milliers d'années à se constituer se dilapident en un siècle, ou une terre avec un retour sur l'humanité où tout ce que nous auront appris sur la matière et les techniques de mise en oeuvre servira à enrichir la planète entière ou un monde autre, que les hommes se chargeront de façonner à leur convenance.
Ceci est un enjeu qui nous échappe actuellement, mais auquel les responsables politiques et les décideurs de toutes sortes seront obligés de prendre en compte; alors attention à qui le péquin comme moi fera confiance pour les prochaines échéances.
Le choix ne sera certes pas facile, pour quelqu'un habitué à la façon d'agir de la classe politique actuelle: comment faire pour que les choses changent sans qu'il y ait de phénomènes révolutionnaires importants, sans qu'il y ait de chamboulements sur leur vie personnelle et dans leur entourage.
Le résultat de ces deux volontés contradictoires (qui sont en chacun de nous) conduit à un blocage de la société. On attend tout de l'état (dont la principale attribution est de conduire la société vers un destin désiré par tous), mais qui le plus souvent n'a qu'une optique de classe et de sauvegarde de ses intérêts, et d'un autre côté les individus sont brimés par une société qui leur met alternativement des bâtons dans les roues ou les pousse en avant.
Dans un tel contexte, il est impossible de faire une politique personnelle et sociale à long terme, donc bonne pour tout le monde.
Je ne suis pas pour le retour du roi qui par sa pérennité pourrait avoir des projets à longue vue, mais qui par la personnalisation du pouvoir pourrait engendrer des abus, voire la dictature; c'est un risque qu'il ne faut plus courir.
Je ne suis pas non plus pour une société "bouc émissaire" qui conduirait le pays défini administrativement à un repli sur lui-même et donc à un appauvrissement culturel et économique.
Je suis plutôt pour une société consciente de son rôle à jouer dans le monde, qui puisse pousser ses idées sans les contraindre à qui que ce soit, de telle manière qu'elles puissent faire leur chemin pour le bien de tous (y compris les africains, l'Europe et la France).
Pour moi, cette conception de la société est la seule envisageable pour que tout le monde s'en sorte, encore faut-il qu'il y ait plus de la majorité qui y adhère.
Aujourd'hui 15 janvier 1988 après Jésus Christ, le monde a vieilli de 3 milliards d'années, en effet une galaxie vient d'être découverte et elle serait âgée de 17 milliards d'années, comme quoi nos débuts sont vraiment incertains et la vérité non trouvée.
De nombreuses théories sur n'importe quel sujet de société, de science ou de religion ont été élaborées, plusieurs moyens d'investigations ont été mis en oeuvre: statistiques, utopies, bon sens, morale sous-tendue par une idéologie ont permis d'approcher et de comprendre le monde qui nous entoure, peu sont les gens qui ont réussi à élaborer une théorie cohérente de l'univers, car pour saisir le monde et ses tendances principales, il faut tenir compte du cas particulier qui se trouve en marge de la solution générale.
De toute manière, il faut se rendre à l'évidence qu'il y a des différences entre nous, humains et accepter ces différences, c'est déjà beaucoup pour la compréhension de ces problèmes: il y a 14 % de gauchers, il y a une personne sur 10000 qui a le coeur à droite, il y a une chance sur 10 milliards qu'une planète soit habitable.
Ce phénomène de l'aléatoire est une constante de notre vie, il peut être quantifiable (pour des phénomènes connus) et visible: une expérience menée sur16 micro-ordinateurs générant des nombres aléatoires indépendamment les uns des autres, a montré qu'il existait des rythmes entre ces appareils, non déterminable mathématiquement jusqu'à présent). Il faut savoir vivre avec et en tirer profit plutôt que ce soit une source de méprises et de mauvaises actions.